Attends un peu que je me souvienne
Oh! Quelle vie d'aventure fut la mienne!
À quatre-vingt-quinze ans bientôt
J'en ai vu tellement, presque trop
Avec mon beau Jean-Baptiste
Toute une vie sur les pistes
Où tu vas j'irai, où tu vas j'irai
De Maskinongé jusqu'à Pembina
Dans nos sillages, un possible trépas
Jusque dans les Pays-d'en-Haut
Portage et mille écueils sous nos canots
Aux côtés de mon mari
Et au péril de nos vies
Où tu vas j'irai, où tu vas j'irai
Première à faire la traite dans les plaines
J'appris coutumes et langues amérindiennes
Saulteux, Dénés, Sioux, Cris ou Mandans
Les Pieds-Noirs, toujours un peu inquiétants
Les fourrures, le pemmican
Et l'amour en coup de vent
Où tu vas j'irai, où tu vas j'irai
J'aurai enfanté à la belle étoile
Après de longues heures passées à cheval
Au milieu de nulle part et en plein champ
J'ai offert aux Prairies neuf beaux enfants
Et mon petit-fils Louis Riel
Qui prit les Métis sous son aile
Et voilà qu'aujourd'hui, ma vie s'achève
Mais je n'ai pas peur, je t'aime
Un dernier voyage qui m'emmène
Où tu vas j'irai, où tu vas j'irai