Madame ma voisine,votre fille ne vaut rien.Les langues vipérinesvous le répètent bien.Et dans votre cuisinevous vous tordez les mains:votre sage gaminesuit les mauvais chemins.Je les ai vus passerhier soir dans la ruelle.Je l'ai trouvée bien belleet lui bien empressé.Moi les sachant en fuite,voyant leur désarroi,j'ai dit: "Entrez chez moi.Fermez la porte vite".Madame ma voisine,votre fille n'est pas loin.J'ai sa chemise fineà réparer un brin.Et là dans ma cuisineils se tiennent les mains.Je trouve votre gaminebien belle ce matin.Je leur ai préparémes draps de belle toileet puis sous les étoilesm'en suis allée rêver.Je vous ai vue inquiètefouiller tous les buissons.La fille, le garçonse menaient grande fête.Madame ma voisine,votre fille est si bien.Douce fleur d'églantine,au plus beau des jardins,la voici donc cousinedes fées qui le matinmirent leur belle minedans les yeux d'un lutin.Quand ils auront finitout leur content de rêve,les journées sont trop brèvespour revivre les nuits.Votre fille viendravous dire que les fougèreslui ont griffé les braset froissé les paupières.Madame ma voisine,un d'ces quatre demains,là dans votre cuisinevous vous tordrez les mains.Déjà je leur destinemon linge le plus fin.Moi, quand j'étais gamine,j'n'ai pas eu de voisins.