Au couvent des Clémentines
La Supérieure, un matin,
Au lieu de chanter matines
S'en alla prendre le train
Elle partait dare-dare
Au chevet de Monseigneur
Et sur le quai de la gare
Elle dit à tout' vapeur
Ma sœur n'oubliez pas
Que pendant mon absence
Il faudra, il faudra
Repriser les draps
Ma sœur n'oubliez pas
Que dans les lieux d'aisances
Il faudra, il faudra
De la mort-aux-rats
N'oubliez pas le vendredi
De manger du poisson bénit
Et de donner de l'ipéca
Chaque soir à sœur Augusta
Ma sœur n'oubliez pas
Les boules de naphtaline
Faites de petits repas
Songez que qui dort dîne
Ma sœur n'oubliez pas
La commission étant faite
La novice s'en alla
En disant je le regrette
Mais je ne peux rester là
Aussitôt chacune invente
Pour partir mille raisons
Répétant à la suivante
Écoutez cette oraison
Un matin de très bonne heure
Rev'nue par la voie des airs
Notre Mère Supérieure
Trouve le couvent désert
L'herbe prenait sa revanche
Tout n'était plus que buisson
Et les oiseaux sur les branches
Lui chantaient cette chanson
Ma mère n'oubliez pas
Que pendant votre absence
Ell's n'ont pas, ell's n'ont pas
Reprisé les draps
Ma Mère n'oubliez pas
Que dans les lieux d'aisances
Ell's n'ont pas, ell's n'ont pas
Mis d'la mort-aux-rats
Elles sont parties un vendredi
En mangeant du poulet rôti
En donnant du chocolat
Chaque soir à sœur Augusta
Ma Mère n'oubliez pas la moral' de l'histoire
Et pour finir sur un mot
L'absence il faut me croire
Est le pire des maux.