La pluie, la pluie fait des claquettes sur le trottoir à minuit
Parfois je m'y arrête, je l'admire, j'applaudis
Je suis son chapeau claque, son queue-de-pie vertical
Son sourire de nacre, sa pointure de cristal
La pluie, aussi douce que Marlène, aussi vache que Dietrich
Elle troue mon bas de laine, que je sois riche ou pas riche
Mais quand j'en ai ma claque, elle essuie mes revers
Et m'embrasse dans la flaque d'un soleil à l'envers
La pluie, avec elle, je m'embarque en rivière de diamant
J'la suis dans les cloaques où elle claque son argent
Je la suis sur la vitre d'un poète endormi
La tempe sur le titre du poème ennemi
La pluie, à force de rasades, de tournées des grands ducs
Je flotte en nos gambades, la pluie perd tout son suc
"Quittons-nous" dis-je "c'est l'heure" et voici mon îlot
Salut, pourquoi tu pleures ? Parce que je t'aime, salaud
La pluie fait des claquettes sur le trottoir à minuit.