Ar c'havaned zo aet pell zo da gousket en tour,
Hag an heol splann zo aet pell zo en tu-hont d'ar bed.
Mouget eo sklerijenn an deiz...
Nemet em c'hambr, ur gouloù war enaou a vev,
Em spered, ur gouloù
Edon va ene, ur gouloù war enaou a vev. O Sklaerder-diabarzh, te ken tost d'ar peurbad !
Er-maez eo ar goaáv, dibourc'h ar gwez, revet ar bleuáv
Ar vougasenn fenozh a ren gant he dalc'h spontus ;
Nemet em c'hambr war va burev,
Ez eus ur flammel ruz en he bleunioù.
Hag em c'halon ivez ur flammel ruz en he bleunioù,
Em ene kuzh, ur flammel ruz en he bleunioù.
0 Buhez er c'hevrin, te ken tost d'ar peurbad !
O' Peoc'h. N'eus nep trouz :
Tamolodet eo ar bed en e gousk ;
An evned-kazh zoken ne c'harmint ket fenozh.
Hag em c'hambr, n'eus ken trouz ;
Em spered n'eus ken trouz.
Stêr vras va soájoù-den a haával chom digas,
Didrouz !
Nemet e don va ene kuzh e klevan ur mouskan,
Ur vouezh sklintin,
Mouezh ur stivell, 0 Va fedenn !
0 son ar vuhez-se, son ken tost d'ar peurbad!
Les corneilles sont allées depuis longtemps se coucher
dans la tour,
Le soleil éclatant s'en est allé depuis longtemps
de l'autre côté du monde,
Eteinte est la lumière,
Mais dans ma chambre vit une lumière,
Dans le fond de mon âme une lumière vit,
0 clarté intime, toi si proche de l'éternel !
Dehors c'est l'hiver, dépouillés les arbres, gelées les fleurs ;
Le brouillard ce soir étend son emprise effrayante.
Mais dans ma chambre sur mon bureau,
J'ai un cyclamen rouge en fleurs.
Et dans mon coeur aussi, un cyclamen rouge en fleurs.
Dans le secret de mon âme, un cyclamen rouge en fleurs.
0 Vie dans le mystère, toi si proche de l'éternel !
0 Paix ! Plus de bruit.
Le monde s'est recroquevillé dans son sommeil ;
Les chats-huants eux-mêmes ne hululent pas ce soir
Et dans ma chambre, plus de bruit ;
Dans mon esprit plus de bruit ;
Le grand fleuve de mes pensées humaines semble s'arrêter,
Silencieux.
Mais dans le secret de mon âme, j'entends chantonner
Une voix limpide,
Une voix de jet d'eau, 0 Ma prière !
0 chant de cette vie-là, chant si proche de l'éternel!