Sur le parvis de Notre-DameUn vieillard disait, tout attendri :Paris, vous l'appelez Paname,Mais de mon temps, Paris c'était Paris !Traverser l'eau c'était un long voyageNous n'avions pas de métro ni d'autocarsParis semblait un grand villageQu'on était bien sur les boulevards.Ah ! Qu'il était beau mon village,Mon Paris, notre ParisOn n'y parlait qu'un seul langage,Ça suffisait pour être compris !Les amoureux n'allaient pasSe cacher dans les cinémas,Ayant certes beaucoup mieux que ça :Y s'bécottaient sur un bancEt les moineaux gentimentSur les branches en faisaient autant !Ah ! Qu'il était beau mon village,Mon Paris, notre Paris !Les femmes portaient des dentellesEt surtout d'adorables froufrous,Et quand on marchait derrière ellesFallait deviner ce qu'il y avait par dessous !Elles ne montraient que le bout de leurs bottinesMais aussitôt qu'y se mettait à pleuvoirElles se retroussaient les coquines...Pour la pluie, non... pour se faire voir !Ah ! Qu'il était beau mon village,Mon Paris, notre ParisOn n'y parlait qu'un seul langage,Ça suffisait pour être compris !On y dansait la polka,La valse et la mazurka.C'était peut-être un peu bêta !Mais la danseuse et le danseurY mettaient tant de candeur,Que c'était peut-être le vrai bonheur...Ah ! Qu'il était beau mon village,Mon Paris, notre Paris !Quand pour se donner du bien-êtreOn voulait respirer de l'air pur,On se mettait à sa fenêtre :C'était moins cher que la Côte d'Azur.Et l'on faisait grimper des capucinesOn aspergeait le soir tous les balcons.Et l'on disait à sa voisine :Faites-moi voir vos rhododendrons !Ah ! Qu'il était beau mon village,Mon Paris, notre ParisOn n'y parlait qu'un seul langage,Ça suffisait pour être compris !On ne faisait pas du cent-vingt,On cultivait son jardinOu la femme de son voisin ...On avait le cur contentEt quand revenait le printempsTout le monde avait vingt ans !Ah ! Qu'il était beau mon village,Mon Paris, notre Paris !