- Mère, veux-tu?- Oui, ma fille,combien d'pas veux-tu passer?- Mère, veux-tu,sois gentille,j'voudrais tant m'en aller danser.Pour le bal je suis tranquille:tu voudrais des pas d' géant.Mais ton c ur est si fragile,je n' t'en donnerai pas autant .Pour aller danser la gigue,tu n'auras qu' des pas d'fourmis,et si sauter te fatigue,deux pas de statue aussi.Mais quand tu verras Jean-Jacques,tu voudras des pas d' veloursou des pas de cloches de Pâquesqui font Rome aller-retour.Tu voudras des pas de lierrepour t'accrocher à son cou.Lui n'aura qu' des pas de pierre,ça n' t'avancera pas beaucoup.Tu voudras des pas de chattepour l'aimer en tapinois.Lui n'aura qu' ses grandes pattesjuste bonnes à gauler les noix.Pour gauler ton c ur, ma douce,lui faudrait des pas d'oiseauou des pas de bêtes roussesembusquées dans les roseaux.Qui lui a donné misère,tous ces pas de grand chamois,tu n'écoutes plus ta mère:tous tes pas sentent l'émoi.Il te va falloir, ma fille,marcher à pas de folie,à grands pas de jour qui brilleà grands pas de longue nuit.Mère, veux-tu?- Oui ma fille,combien d'pas veux-tu passer?Mère, veux-tu?Oui, ma fille,combien d' pas t'en vas-tu passer ?