Vous êt's venu au printemps'vec un c ur verni, 'vec du miel dedans.Moi, j'allais par les sentiers'vec un oiseau bleu dans mon c ur d'osier.Et j'avais bien mieux à faireque d'écouter vos prières.Avec les gars du hameaunous allions tremper nos pieds dans l'eau.Avec les gars d' par icinous allions y noyer nos soucis.Quand l'été fila son or,votre amour vint mettre le nez dehors,mais c'était la fenaison.Mon c ur ne souffrait point tant d'oraisonset j'avais bien mieux à faireque de paître vos chimères.Avec les gars du cantonnous aimions bêler 'vec nos moutons.Avec les gars d' la Saint-Jeannous sautions les feux légèrement.Puis l'automne a tournoyévotre c ur bien lourd comme nos noyers.Pour courir le guilledouj'allais au pressoir boire le vin douxet j'avais bien mieux à faireque de sécher vos bruyères.Avec les gars mes voisinsnous allions cueillir les beaux raisins.Avec les gars du paysnous craquions les feuilles dans les taillis.C'est l'hiver et vous partez'vec un c ur meurtri, 'vec un c ur glacé.Je n'ai plus mon oiseau bleu,je n'ai plus besoin que d'un peu de feu.Je ne vois rien de plus sageque de vous barrer l' passage.Si les gars viennent sonner,nous leur fermerons la porte au nez.Vous serez mon feu de joieet si je m'y brûle, tant mieux pour moi.