S'il fallait faire la guerre, mon beau,bien sûr tu irais la faire, bravo!Et malgré que tu détestesles fusils et tout le reste,ton dernier regard, je ne l'aurais pas sur le quai d' la gare.Ton dernier regard, tu me le donnerais trop tard.Quand vous vous trouvez entre hommes, mon grand,ça se passe toujours comme dans l' temps,comme sur les bancs de classequand les filles vous embarrassent.C'était le bon temps, on courait la lande, on courait les chats.Nous, pendant ce temps, on restait près de nos mamans.Car la vie est ainsi faite, mon doux:vous partez et ce qui reste, c'est nous,nous qui nous cassons la têteà vous attendre, c'est bête,mais il ne faut pas que ça nous chagrine et caetera,la soupe cuira pour nos prochains petits soldats.A la guerre comme à la chasse, c'est vrai,ce n'est jamais notre place, je sais.Nous faisons des maladresses,et avec notre tendressenous dérangeons tout, Dieu merci. Vous ne le faites pas, vous!Nous dérangeons tout, nous mettons notre cur partout.Mais on est mieux à se battre, je crois,qu'à rester auprès de l'âtre si froid;et si c'était à refaire,comme le disait mon frère,moi, je vous le dis, tous en moins d'une heure, seraientrepartis,nos frères, nos maris, et nos amours et nos petits.Laisse-moi penser encore, mon beau,que tout ça, c'est du folklore mélo,de l'histoire inévitableque l'on se raconte à table,et que mon regard ne te suivra pas sur le quai d'une gareset que nos regards ne se croiseront pas trop tard.