Quai de Béthune - Aragon
Connaissez-vous l'île
Au coeur de la ville
Où tout est tranquille Éternellement
L'ombre souveraine
En silence y traîne
Comme une sirène
Avec son amant
La
Seine profonde
Dans ses bras de blonde
Au milieu du monde
L'enserre en rêvant
Enfants fous et tendres
Ou flâneurs de cendres
Venez-y entendre
Comment meurt le vent
La nuit s'y allonge
Tout doucement ronge
Ses ongles ses songes
Tandis que chantant
Un air dans le noir
Est venu s'asseoir
Au fond des mémoires
Pour passer le temps
Et le vers qu'il scande
L'amour qu'il demande
Le ciel le lui rende
Bat comme le sang
Est-ce une fenêtre
Qui s'ouvre et peut-être
On va reconnaître
Au pas le passant
Est-ce
Baudelaire
Ou
Nerval un air
Qui jadis dut plaire
A d'anciens échos
Vienne le jour blême
Montrant qui l'on aime
Rendre son poème
A
Francis
Carco