À la gloire égarée, au boxeur au tapis
À l'absence qu'est trop là, passée loin de l'oubli
À cet instant
Je pense à toi
Au vaincu magnifique à genoux qui saigne
Au cynique planqué qui ajoute à sa peine
À cet instant
Je pense à toi
À la triste beauté passée qu'on n'a pas vue
Au cœur pur en lambeaux et qui se prostitue
À cet instant
Je pense à toi
Au désespéré fusillé par l'amour
Au père du haut-perdant, je pense à toi toujours
À cet instant
Je pense à toi
Aux enfants qui courent sur la grève
À leurs pieds nus, au vent qui se lève
À la mer à perte de vue
Je pense à toi
Aux amants menottés et qui ne baisent plus
À la femen qui braque du bout de ses seins nus
À cet instant
Je pense à toi
Au Goodyear qu'on étrangle et qu'on jette en prison
Parce qu'il a mis la frousse à deux ou trois patrons
À cet instant
Je pense à toi
À toi qui m'a tendu ta joie et ton Ricard
Dans ce café pendu au dîner de l'espoir
À cet instant
Je pense à toi
À toi qui n'a pas vu le mur qui s'écroulait
Et puis juste derrière tous tes jouets cassés
À cet instant
Je pense à toi
À toi qui a goûté ma bouche avec ta bouche
Et qui a guidé mes mains, ma langue et mes doigts
À cet instant
Je pense à toi
À l'oiseau qui attend, les ailes sur les pieds
Que le bateau blessé s'échoue sur les rochers
À cet instant
Je pense à toi
À toi qui m'a offert ma fugue de saison
Mon dieu, pour ce baiser, je voudrais mes seize ans
À cet instant
Je pense à toi
La lumière va s'éteindre ce soir en Géorgie
Tu vas enfin mourir, ils te l'avaient promis
À cet instant
Je pense à toi
Je veux des bouquets rouges et courir dans les blés
Je veux être ton homme, ton homme à en crever
À cet instant
Je pense à toi
À cet instant
Je pense à toi