Un cri dans la nuit d'hiver
Ma fenêtre est de travers
Je la ferme de mon mieux
Je vois la couleur des cieux
Ils sont noirs il y a du vent
Vent d'autan ou vent d'antan
Le manteau des cheminées
Recommence à frissonner
Sur la route j'aperçois
Un bien étrange bourgeois
Où donc l'ai-je déjà vu
Pieds fourchus et front cornu
C'est le diable ou le docteur
Qui me font mourir de peur
Ou bien mon ange gardien
Je ne sais plus je ne sais rien
Ça craque dans le magasin
Où se cache un assassin
Un fantôme familial
Une infirmière d'hôpital
Une grand-mère Blanche de Castille
Qui paraît devant sa fille
Pour lui dire de l'oublier
Quand reviendront les ouvriers
Il y aura du tintalane
Quand un marteau tombe en panne
Un ténor de l'Opéra
Le répare à tour de bras
Puis il meurt d'apoplexie
Comme une vraie tomate farcie
La poussière qui le recouvre
Est la même qu'on voit au Louvre
Un train passe dans la nuit
Il m'emportait avec lui
Autrefois lorsque j'étais
Ce jeune enfant qui rêvait
Qui rêvait d'un autre ciel
De Paris de la Tour Eiffel
Qui rêvait de tout quitter
Et de ne vivre que pour chanter
Qu'est-il advenu depuis
Depuis tant et tant de nuits
Depuis tant et tant de saisons
Aux placards de la maison
Les souvenirs au rendez-vous
Vont revenir mais je vous l'avoue
Demain je leur ferai faux bond
Car je n'suis qu'un vagabond