Ton ombre est pleine de lumière
Et l'aube chaude des marais
Jette le feu dans ta crinière
Tu verras, si je t'aimerai
Sur le bois de notre grand lit
Avec mes ongles j'écrirai
Des mots grands comme des pays
Tu verras, si je t'aimerai
Puis, je peindrai sur les fenêtres
D'énormes barreaux si épais
Que le jour pourra bien paraître
Tu verras, je te garderai
Pour les dimanches de septembre
Je refleurirai les pommiers
En une nuit, dans notre chambre
Nous vivrons quatre milles étés
J'inventerai des arc-en-ciels
Qui enflammeront les futaies
Et puis, des moissons de soleil
Tu verras, si je t'aimerai
Et puis, j'arracherai les voiles
Des bateaux, qui t'emporteraient
Et puis, j'arracherai les ailes
Des oiseaux, je te garderai
Et puis, j'éteindrai tes grands yeux
En y clouant de grandes portes
Je te lierai à quatre pieux
Afin que le vent ne t'emporte
Et pour que nul ne m'accompagne
Derrière moi je hisserai
Des murs plus hauts que des montagnes
Tu verras, je te garderai.
Françoise Hardy
TU VERRAS
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1966