Mon petit chez moi est très spacieux
Puisqu'il occupe le tout Paname
J'ai pas le soleil, j'ai mal aux yeux
De voir défiler toutes ces rames
Je change tout les soirs de station
Pour tenter de briser ma routine
Aucun loyer, aucune caution
J'suis un clodo sur toute la ligne
Je maîtrise le moindre changement
Les raccourcis, les petits couloirs
C'est quand même mon appartement
Mais j'ai du monde qui passe me voir
J'ai plus aucune intimité
Pas les moyens pour une consigne
Enfin au moins je suis abrité
Je suis un clodo sur toute les lignes
J'observe les gens, leur quotidiens
Toutes les godasses des parisiens
Je me fais refouler, parce que je refoule
Pour oublier alors, je me saoule
Et puis je guette les uniformes
Les mêmes qui veulent pas que je dorme
J'crois que j'ai la phobie des insignes
Je suis un clodo sur toute la ligne
Je le connais sur le bout des doigts
Mon discours récité mille fois
Pour une pièce, un ticket resto
J'suis le perroquet du métro
Mais je ne travaille jamais le dimanche
C'est un métier de faire la manche
C'est mon crédo pour rester digne
Je suis un clodo qui suit sa ligne
Quand je bois le double d'un pack de seize
Je vois très trouble la ligne treize
Quand je bois rien, mon strapontin
A parfois le droit a un voisin
Et c'est le genre de petits plaisirs
Que tu piges pas ça va sans dire
Et je te le souhaites pas
Ça serait le signe que t'es le clodo qui écrit ces lignes
Putain, c'que c'est marrant la vie
Quand j'étais môme, bah moi aussi,
J'évitais de lire dans leur regard
Toute la détresse de ces clochards
Mais aujourd'hui, j'ai changé de camps
Un seul bonjour, et je suis content
C'est comme si je gagnais au loto
Sur toute la ligne
Je suis un clodo