Les cheveux tout frisottés
Le col haut de dix huit pieds
Ah ! Ils sont zazous !
Le doigt comme ça en l'air
Le veston qui traine par terre
Ah ! Ils sont zazous !
Ils ont des pantalons d'une coupe inouïe
Qui arrive un peu au dessous des genoux
Et qu'il pleuve ou qu'il vente ils ont un parapluie
Des grosses lunettes noires et puis surtout
Ils ont l'air dégouté
Tous ces petits agités
Ah ! Ils sont zazous !
Un jour un brave notaire
De son pays débarquant
Venait pour de grosses affaires
De legs et de testaments
Il avait l'allure très digne
Mais comme les modes de maintenant
Ont à peu près la même ligne
Que celle de dix neuf cent
Deux jeunes zazous s'écrièrent en l'apercevant :
Ce qu'il fait distingué
Son col haut de dix huit pieds
Ah ! Ce qu'il est zazou !
Il a ce brave notaire
Le veston qui traine par terre
Ah ! Ce qu'il est zazou !
Il ne se doutait pas ce très digne notaire
Qu'il pouvait être à ce point zazou
Car tous ses vêtements lui venaient de son grand-père
Le col, le veston, et tout et tout
Il fut tout étonné
De se voir ainsi remarqué
Par tous les zazous !
De retour chez lui le notaire
Sidérait tous ses amis
Y ne marchait que le petit doigt en l'air
Mais bientôt ce fut bien pis
Cette maladie pris sa fille
Sa femme, son clerc, son toutou
Enfin toute la famille
Tout le monde devint zazou
Dans le pays quand y se promenaient on les croyait fous
En les voyant passer
Les braves gens s'écriaient
Tiens ! Voilà les zazous !
Après mûres réflexions
Le docteur en consultation
Dit : Ils sont zazous !
C'est une maladie un peu particulière
Bientôt il n'y paraitra plus rien
Avec une bonne cure de polka de nos grands-mères
Puis se regardant il dit : Tiens ! Tiens !
Mes cheveux tout frisottés
Mon col haut de dix huit pieds
Mais je suis zazou !
Tout comme le notaire
Mon veston traine par terre
Donc je suis zazou !
Et si ce n'est qu'une question vestimentaire
Je suis le plus zazou d'entre nous
Car ma redingote traine jusque par terre
Je ne vois qu'un remède faisons couper tout
Le docteur avait compris
Que là se tenait l'esprit de tous les zazous !