Assis sul sofa d'opération
J'attends depuis une couple d'heures
Aveuglé par les néons
C'est là, l'entrée du bon docteur
Les grandes lunettes épaisses pis noères
Qui sont perchées au bout d'son nez
Laissent deviner des yeux charognards
Qui chassent un sujet à dévorer
La tête un peu dans brume
Les yeux dans graisse de bine
J'me sens lâche, j'me sens heureux
Le doc, tranquille, sort son égoïne
Assis, j'me divertis jusqu'à ce soit passé
L'idée d'me soumettre au supplice de penser
J'm'évache dans ma propre complaisance
Jusqu'à ce soit atteint le confort, je continue la quête d'inconscience
Face à la farce qu'est ce taudis et cette ostie d'vie
Qui se vit dans la vacuité et le contentement de l'essence
L'illusion de l'extase, l'excès de l'insignifiance, ah
Le doc me fend la tête en deux
Pis y m'installe une belle penture
L'écran qui griche devant les yeux
La vie des riches a l'air ben dure
Je sens ses grands gants noirs
Fouiller dans l'fond d'ma tête
Le doc est en forme pis y accélère
Y vide ses vidanges à grosse barouette
En symbiose avec le sofa, j'me sens vivre pour la première fois
Alors que mes sentiments deviennent ceux à l'écran
J'me plais à mépriser ces ratés pour qui je vote si souvent
Et qui finiront par me faire vivre de grandes émotions
Lorsque, enfin, seront étalés leurs bas instincts en direct à la télévision
Incapable d'opinions, ma pensée coule à flots sur mon front
Se sentir investie d'une grande mission, continuer la diffusion
Diluée par et pour le capital et la demande générale
Denis Lévesque, confident de Dieu, mon archevêque
Prêche la parole des portefeuilles pour maintenir l'aliénation
Des grosses Micheline assises tu-seules dans leur salon
Va! au grand guerrier de la diffamation des mal-aimés de la grande scène
Et fais des faits divers la fabrique de divertissement à cinq cennes