Comme les bleus transparents des aurores marginales
Elle a de temps en temps les yeux d'un animal
Aigu comme un diamant traversant le cristal
Le regard inquiétant d'un loup de carnaval
Tout ce qu'il y a d'amour et d'envie qu'on l'enferme
S'est libéré un jour pour lui donner des cernes
Des volcans sont en elle, dévorant ses entrailles
Elle est terre, air et ciel, tendresse et représailles
Comme l'appel des rivières dans un désert salé
Elle a les yeux si clairs qu'on voudrait s'y noyer
Elle a des yeux si purs qu'on lit à livre ouvert
Ses romans d'aventure et ses récits de guerre
Comme les rouges déclinants des lueurs occidentales
Elle a de temps en temps les yeux d'un animal
Farouche et résigné, insolent et soumis
À l'instant de griffer, elle a ouvert son lit
Elle est sortie armée du cerveau d'un démon
On ne sait quelle année, au fond de quel bas-fond
Les yeux encore brillants de tourments prophétiques
La marque dans le sang des délires sabbatiques
Au fil des longs sommeils, elle pleure tout en douceur
Et le premier soleil la sort des profondeurs
Son regard surprenant pénètre comme un glaive
Pendant que des torrents s'échappent de ses rêves
Comme les bleus transparents des aurores marginales
Elle a de temps en temps les yeux d'un animal
Aigu comme un diamant traversant le cristal
Le regard inquiétant d'un loup de carnaval
C'est un miroir sans tain où l'on découvre tout
Des pitreries du nain jusqu'au fou-rire du fou
Un gouffre satiné, une fosse aux serpents
Un puits de vérité ou peut-être un néant
Amour extravagant, fascination du mal
Elle a de temps en temps les yeux d'un animal
Amoureux d'une chienne ou méprisante d'un chat
Ni l'amour, ni la haine ne se feront sans moi