French
La clef qui s'accroche à mes doigtsN'est pas celle du paradis,Elle porte sur un bout de boisUn numéro gravé vingt-six;Et l'ascenseur, trop lentement,Nous mène à ce dernier étageOù, bientôt, nous serons amantsEt il frissonne dans sa cage;Il y a comme toujours de la faïence,Comme toujours du papier à fleurs,Et ce miroir qui vous relance,Des têtes du genre à faire peur;Y a toujours ce goût de tabacEt d'alcool au fond de ma bouche,Et toi, tu enlèves tes basDurant le temps que je me couche...Ma compagne d'un seul naufrage,Ma moins-que-rien, ma plus-que-tout !Y aura-t-il jamais un rivageOù pouvoir se tenir debout ?...Voici les caresses brouillonnes,Des baisers à peine ébauchés,Et puis la vie qui vous tanne;Faut profiter de ces péchés,Les engranger dans sa mémoireCar c'est bientôt dix heures...Bon Dieu !Il n'est que temps d'aller se boireLe café crème des adieux...Y a comme toujours un ciel tout gris,Et ce petit vent qui vous gèle,Et puis la sale gueule de Paris,Et puis la pluie qui vous harcèle...Nous ressemblons à deux enfantsPartageant la même bêtise;Les noyaux viennent en leur tempsSans qu'on ait connu les cerises !Ma compagne d'un seul naufrage,Ma moins-que-rien, ma plus-que-tout,Y aura-t-il jamais un rivageOù pouvoir se tenir debout ?Debout...