La clef qui s'accroche à mes doigts
N'est pas celle du paradis
Elle porte sur un bout de bois
Un numéro gravé vingt-six
Et l'ascenseur, trop lentement
Nous mène à ce dernier étage
Où, bientôt, nous serons amants
Et il frissonne dans sa cage
Il y a comme toujours de la faïence
Comme toujours du papier à fleurs
Et ce miroir qui vous relance
Des têtes du genre à faire peur
Y a toujours ce goût de tabac
Et d'alcool au fond de ma bouche
Et toi, tu enlèves tes bas
Durant le temps que je me couche
Ma compagne d'un seul naufrage
Ma moins-que-rien, ma plus-que-tout !
Y aura-t-il jamais un rivage
Où pouvoir se tenir debout ?
Voici les caresses brouillonnes
Des baisers à peine ébauchés
Et puis la vie qui vous tanne
Faut profiter de ses péchés
Les engranger dans sa mémoire
Car c'est bientôt dix heures... Bon Dieu !
Il n'est que temps d'aller se boire
Le café crème des adieux
Y a comme toujours un ciel tout gris
Et ce petit vent qui vous gèle
Et puis la sale gueule de Paris
Et puis la pluie qui vous harcèle
Nous ressemblons à deux enfants
Partageant la même bêtise
Les noyaux viennent en leur temps
Sans qu'on ait connu les cerises !
Ma compagne d'un seul naufrage
Ma moins-que-rien, ma plus-que-tout
Y aura-t-il jamais un rivage
Où pouvoir se tenir debout ?
Debout