Pour me souvenir de gel et de vent
Mon âme poudreuse a vêtu mes mots
D'un doux givre
Avant d'éteindre veilleuse
Je veux vous léguer comme en testament
Ma chanson frileuse
Ne me parle point des saisons d'ailleurs
De leurs chauds mensonges
Je sais près d'ici le feu qui se meure
Et le froid qui ronge
Mon amour pendu de fer et de peur
Aux glaçons du songe
Nos palais de glace et nos pelles d'or
Ont jeté les masques
Et que reste-t-il quand le frimas mort
Des rires fantasques
Une voix d'enfant qui appelle encor
Parmi les bourrasques
Nous avons brisé le trop bleu cristal
De nos stratagèmes
L'amour fait la guerre et la mort le bal
Quand dans la nuit même
La lune n'est plus que néon banal
Dites-moi si j'aime
Sous la glace au loin des étangs gelés
Dorment les mémoires
De tous les instants mort-nés en allés
Et les eaux sont noires
Où je viens encore espérer d'aimer
Avant que d'y boire