Rue Saint-Martin, je l'apercevais tous les matins
Toujours au même endroit, devant le numéro 21
Quel âge avait-elle? Je n'en sais rien
Peut-être vingt ans, peut-être moins
Cette fille aux yeux noirs, je l'apercevais depuis près d'un an
Là-bas sur ce trottoir et tous les jours, je faisais semblant
De passer sans la voir, sans jamais croiser son regard
Pourtant je crevais d'envie de traverser cette rue
Et de la prendre par la main
Pour l'emmener loin (l'emmener loin) pour l'emmener loin
Oh, et je serrais les poings en jurant que demain
J'irai là-bas sur ce trottoir
Pour l'emmener loin (l'emmener loin)
Du 21 de la rue Saint-Martin
Dans le miroir de son regard froid comme l'hiver
Au fond de ses yeux noirs, on pouvait lire qu'elle les payait très cher
Ces quelques grammes de paradis qui font de la vie un enfer
Et moi je crevais d'envie de traverser cette rue
Et de la prendre par la main
Pour l'emmener loin (l'emmener loin) pour l'emmener loin
Oh, et pourtant chaque matin, je passais sans rien faire
Au lieu d'aller sur ce trottoir
Pour l'emmener loin (l'emmener loin) pour l'emmener loin
Un matin de Décembre, j'ai aperçu au loin
Les phares d'une ambulance dans la rue Saint-Martin
J'ai couru comme un fou mais dès le premier regard
J'ai compris qu'il était trop tard
Elle partait loin d'ici, vers d'autres paradis
Là d'où jamais on ne revient
Elle s'en allait loin (s'en allait loin) elle s'en allait loin
Oh, j'ai compris que plus rien ne changerait son destin
Déjà la mort lui prenait la main
Pour l'emmener loin (l'emmener loin) pour l'emmener loin
Et depuis ce jour le matin
Je ne passe plus rue Saint-Martin
Je préfère faire un détour